vendredi 22 mai 2009

mon évaporation... en résumé... et Port Nolloth... en vrac...

sur la N7, 750km séparent Cape Town de Port Nolloth ~ l'immensité

J’ai beau contempler l’océan depuis une semaine, je ne parviens pas à “pondre” le billet qui raconte mon séjour à Port Nolloth, petite ville portuaire située à 144km au nord-ouest de Springbok. Alors je me contenterai de publier deux ou trois photos et remercier Tilly pour son billet "sponsorisé".

tous les soirs, coucher de soleil, depuis la chambre dans la ravissante guest-house sise à Port Nolloth dans la province de Northern Cape - @ BedRock Lodge

Jetez un œil à ses autres contributions, et notamment son compte-rendu sur une affaire que j’avais modestement relayée sur mon précédent blog : celle opposant notamment Pierre Etaix à une société de production peu scrupuleuse.

toujours "sous" ma fenêtre, des "pêcheurs" de diamants.

Pour le lecteur lambda qui atterrit ici, Tilly propose une chronique – résumé de mon "évaporation" : à lire ici . J'ai beau dire qu'un anniversaire est un jour comme un autre, je n'en reste pas moins touché par les attentions diverses et variées : le coup de fil de mes parents, le petit-déjeuner au lit, le gâteau d'anniversaire concocté par Cassie, une amie de Fred, le gérant de la guest-house, le refrain "happy birthday!" entonné par les femmes de chambre, etc. Je ne suis pas prêt d'oublier mes 36 ans*. A Tilly qui évoque "l'arrivée au cap de la trentaine", je répondrai que mon "évaporation" est probablement le fruit d'une crise (majeure) de la quarantaine précoce.

* et si c'était à refaire ? Non, je ne le referais pas**. Oui, j'ai des regrets. Il est de bon ton d'affirmer: je ne regrette rien. Plus facile à dire qu'à faire.
** avec des si...

le Wall of Expression laisse admiratif - les noms en mosaïques sont les noms de personnages locaux en général contemporains ~ ces enfants peuvent par exemple lire le nom d'un plongeur, d'un mineur, d'une aïeul, d'un voisin

des artisans locaux apprennent la mosaïque et travaillent patiemment à la conception d'un mur qui va s'étendre sur des kilomètres et séparer le gigantesque projet immobilier dénommé Kai-Kai des moins nantis qui habitent à côté, une belle façon de faire accepter le projet par les autorités... mais vous allez me dire que je vois le mal partout!

j'ai ramassé quelques déchets à proximité du mur

le stade de Port Nolloth

le fameux projet immobilier où l'on distingue le Wall of Expression et les 150 futures habitations

des habitations plus sommaires, dans le ghetto Noir ~ encore aujourd'hui, on ne mélange pas les torchons avec les serviettes : les Blacks vivent à part, les Coloured vivent à part, les Blancs vivent à part... dans une relative bonhomie. Mais la pauvreté touche tout le monde.

le paysage à la sortie de Port Nolloth, semi-désertique, fascinant !

Quatre vingt quatorze photos sont visibles en cliquant sur le logo de flickr, en haut à droite de ce blog. Ou bien ici. Je fais le tri de la centaine suivante et vous fais signe dès qu'elle est en ligne.

lundi 18 mai 2009

Vous prendrez bien un verre de Bonheur ?

The Alphen - à la sortie du Cap, Afrique du Sud

Ca fait tout drôle de consulter les offres d’emploi depuis l’autre bout du monde ! J’ai appris récemment qu’on allait fermer mon compte en banque, j’ai alors décidé de rédiger mon CV. Mais quel CV pour quel boulot ? Depuis mon depart, j’ai retrouvé certains amis. Karelle que j’ai rencontrée à la fac voici environ 15 ans de cela m’a aidé en passant quelques coups de fil. Elle a également insisté pour combler mon déficit. J’ai d’abord été surpris. “Oh ! Tu es sérieuse ?” Elle m’a répondu à peu près ceci: “J’ai des économies. C’est fait pour les amis qui en ont besoin.” Et puis j’ai réfléchi. “Non, non! Ce n’est pas la peine. Mes créanciers vont se jeter dessus comme des chacals sur leur proie. Oui, ça serait utile, mais ça ne me paiera pas mes tickets de métro ni les courses pour mes quelques repas à Paris.” Ainsi donc elle m’a envoyé l’argent via Western Union. De l’argent que j’ai reçu immédiatement. “Bois un verre de ce délicieux chardonnay qu’ils ont à ma santé!” m’a-t-elle dit. De l’autre côté de la rue, au Manhattan Café de Sea Point, ils ne servent au verre que du sauvignon blanc. J’ai donc choisi d’acheter une bouteille de chardonnay au Pick’n’Pay. C’est avec une appellation très maline qu’ils m’ont eu. J’ai acheté le vin répondant au doux nom de “Le Bonheur”. J’ai bu un verre à la santé de Karelle, et à celle des gens qui m’ont aidé à survivre à ce long périple. A ceux qui m’ont permis d’en profiter pleinement.

J’étais en train de siroter un verre de Bonheur dans ma baignoire quand Paul a appelé. Il était en avance. Bon, eh bien, je me raserai demain, me suis-je dit. Lui et Paloma (sa chienne) m’attendaient dans la voiture. Nous nous rencontrions pour la première fois. Sur la route nous menant à Constantia, une très jolie région viticole à la sortie du Cap où il m’emmenait déjeuner, nous avons beaucoup bavardé. J’ai répondu aux nombreuses questions qu’il brûlait de poser. Il avait lu quelque part que lorsqu’on a l’instinct de survie chevillé au corps, on est capable de prendre un billet d’avion et de partir au bout du monde. Je ne peux qu’approuver. Puisque c’est ce que j’ai fait il y a deux mois. Voyez-vous, c’est ainsi que je rencontre des gens. Ils lisent mon blog. Certains demeurent intrigués et souhaitent en savoir advantage. J’ai l’air de tout raconter comme ça sur ma disparition mais en fait, non. Et je suis loin d’être le seul à avoir une telle histoire à partager. Oh ça, non ! (désolé, mais je vais garder pour moi l’histoire de Paul ; j’ignore s’il a envie de parler de sa disparition ; j’écris un blog, pas lui). Bref. Nous savourions le déjeuner, assis à la terrasse sous des chênes centenaires, au domaine, The Alphen lorsqu’il s’est mis à pleuvoir. Nous avions bu une bouteille de chardonnay – Paul est lui aussi un amateur de chardonnay. Nous nous sommes réfugiés à l’intérieur du Boer ‘n Brit pub et de nouveau, nous avons bu un verre de chardonnay, un autre, près du feu de cheminée. “Que veux-tu voir de l’Afrique du Sud que tu n’as pas encore vu ?” m’interroge Paul. Je savais d’instinct qu’il trouverait un moyen de m’y conduire. En fait, avant de me raccompagner chez moi, il m’a emmené voir la vue spectaculaire que l’on a du Cap depuis Signal Hill – on y contemple la ville qui déploie rues et buildings le long de l’Océan Atlantique.

mardi 12 mai 2009

un écureuil au Cap

Comme je m'emmerde*, je réponds au concours-photo "animalier" de Virginie: voici ma participation, hier @ Company Gardens (le Cap, Afrique du Sud) où j'étais en pleine conversation avec monsieur l'écureuil qui s'est proposé de ramasser des glands pour combler mon déficit bancaire!

- Comment ça, je n'ai pas le droit de dire que je m'emmerde?
- Allons! Dans une aussi belle ville que Cape Town, on ne peut pas s'ennuyer!
- Je ne m'ennuie pas, je m'emmerde, ça n'est pas pareil!

Mais heureusement je vais me dés-emmerder la semaine prochaine, je suis invité à demeurer quelques jours dans un des cottages que mon hôte Frederic gère. Voici le site où vous pourrez admirer ma prochaine escale : http://www.bedrocklodge.co.za/index.html, à 700km au nord.

* que le premier qui n'a pas blogué au boulot me jette la première pierre.

samedi 9 mai 2009

a kiss to build a dream on



… texte écrit quand je séjournais encore dans une guest house début avril … et traduit seulement aujourd’hui …

Habiter une guest house réserve aussi de belles surprises.
Alors que je rentrais l’autre soir, il y avait une sorte de fête dehors près de la piscine. Je n’avais envie de voir personne. Je n’avais envie de rien en fait. J’ignore pourquoi j’ai été dire bonjour. On m’a accueilli avec un verre de vin. On buvait à l’anniversaire d’un client. Le plus beau garcon de la soirée. Fernando, alias Fer, célébrait son 40ème anniversaire. Il ne parlait pas un mot d’anglais. Aussi j’ai invoqué les restes d’espagnol qu’avait conservé mon cerveau. Avec l’aide de son ami, Hache, qui assurait la traduction, je lui raconte un bout de mon histoire. Bon sang ! Je ne peux m’empêcher de parler. Si jamais l’on se rencontre, arrêtez-moi avant que je ne commence. Et soudain, Fer me dit « prends-moi dans tes bras ». D’abord j’hésite puis j’approche mon visage de son épaule, maladroitement. « Mieux que ça ! » dit-il. Tout le monde avait les yeux braqués sur nous. Quand l’étreinte fut faite, les invités peinaient à dissimuler leurs regards envieux. J’ai déclaré : « il a voulu que je le prenne dans mes bras, et alors ? »
Mais ça n’était pas une étreinte comme les autres. C’était la plus chaleureuse étreinte que j’aie eue depuis une éternité.
Une étreinte apaisante.

Plus tard dans la nuit, alors que Fer, Hache et moi nous nous amusions dans une boîte de nuit, j’ai dit à Fer : « dame un beso ». Ca n’est pas un baiser qu’il m’a accordé mais une dizaine, une centaine. Et son sourire pour bâtir des châteaux en Espagne.

mardi 5 mai 2009

la gentillesse des étrangers (1)

Des étrangers qui sont devenus des amis à Hout Bay


Il y a une citation dans Un Tramway nommé Désir, la pièce et le film adapté de la pièce écrite par Tennessee Williams, à laquelle j’ai souvent pensé : « J’ai toujours dépendu de la gentillesse d’étrangers », dit Blanche Dubois, la sœur de Stella, dans une scène tragique durant laquelle on l’emmène vers un asile psychiatrique. J’ignore si l’on m’attend quelque part dans un hôpital en France – un lit, un psychiatre. Mais j’ai l’intention d’avoir l’avis d’un spécialiste sur ma disparition. Oui, je radote. J’ai écrit ici-même qu’une disparition équivalait à peu de choses près à un suicide. Bref… lors de ce voyage personnel, j’ai rencontré des gens formidables qui ont déployé à mon égard des trésors de gentillesse. J’ai probablement abusé de la complainte – aujourd’hui, je fais tout pour lui couper le clapet. Lorsque j’ai quitté la France, j’étais dépressif, je vois mal comment la dépression se serait évaporée. Si tu lis ceci, Lezanne, navré mais je ne suis toujours pas d’accord avec toi, la dépression ne disparaît pas parce qu’on décide un matin de se lever et de faire quelque chose de sa journée. Parfois, la dépression dépasse l’entendement, la logique ou la volonté. Néanmoins, tes nombreux efforts pour me divertir, pour me présenter tes amis, m’ont rendu plus optimiste sur la générosité humaine. Et si ton français devait s’améliorer ou empirer quand je quitterai ce pays, je serai le seul fautif.

C’est incroyable comme des étrangers peuvent rapidement devenir amis. Jonathan ne m’a pas posé une seule question sur les raisons de mon état second – j’avais beau dissimuler mes états d’âme, il savait que j’avais besoin de gentillesse. J’ai rencontré sa mère, son père, et ses amis aussi. Ils m’ont démontré que les Sud-Africains pouvaient être chaleureux, accueillants… et plus soucieux de mon bien-être que de leur garde-robe : la preuve, les deux paires de jeans que Jonathan m’a données.

Non, non ! Je n’ai demandé la charité à personne ! Seulement, je ne peux pas affirmer que je suis un touriste alors que je ne fais pas de tourisme. Je ne peux pas dire que je me promène, que je profite des merveilles dont regorge l’Afrique du Sud alors que je suis en convalescence.

pour la version anglaise, cliquez ici !

jeudi 30 avril 2009

seuls les imbéciles ne changent pas d'avis


j’ai acheté 1,5kg de pommes 8,99 rands = 0,80€ & Mr. Muscles à 10,99 rands = 0,98€ alors que d’autres produits aux packagings et formules révolutionnaires coûtent aisément 3 fois plus

Seuls les imbéciles ne changent pas d’avis.
Comme me le faisait très justement remarquer Deef, pourquoi ne pas publier ici-même les newsletters ? Je m’en étais tiré avec une réponse aussi évasive qu’insatisfaisante. Et mon panier à lecteurs aussi vide que désespérant. Disons-le, c’est un succès franc… une déculottée.
Mais à mesure que le temps passe, je réalise qu’écrire me manque. Ecrire un blog pendant trois ans laisse des traces. Surtout quand il atteint 30 000 pages vues. Quand le lecteur vous attend derrière un bosquet avec son mousquet chargé de commentaires. Une drogue dont le sevrage est quasiment impossible. Même lorsqu’on disparaît. Oui, viendra le temps du coming-out. Chaque chose en son temps. Pour moi qui ai disparu avec pertes et fracas, je songe aujourd’hui à réapparaître. Pas encore. Peu à peu. Car il va bien falloir gagner sa vie (ou plutôt, payer ses dettes).
J’ai un billet de retour Le Cap – Paris, autant l’utiliser.
Je n’ai conservé quasiment aucun code, aucun document. A part mon passeport, certains rêves à réaliser, et de manière plus prosaïque, le code d’accès à mon compte en banque qui affiche désespérément – 1300€ sans compter les impayés, une douzaine pour l’instant (douze fois 10€ de frais de prélèvement rejeté = 120€) ; aux 1300€ de déficit, on ajoute les 3000€ d’impayés auquel on ajoutera environ 1500€ du mois de mai, puis 1500€ du mois de juin et ainsi de suite.
Disparaître a un prix. Surtout quand on ne gagne plus sa vie.
Partir au bout du monde est ma retraite. Je suis seul face à mes démons. Je vis de pâtes au beurre et de réflexion. Et j’ai décidé de réapparaître, de prendre mes responsabilités, de trouver un emploi, régler mes dettes, redémarrer de zéro.
Quelle ville choisir ?
Celle où l’on voudra bien me loger.

Aujourd’hui, j’ai mangé un steak d’autruche. Mouais, pas terrible.
« Mange et tais-toi ! Tu ne vas pas cracher dans la soupe de l’ami ange-gardien qui a rempli ton frigidaire ! »
Allez… assez traîné dans ce coffee shop, assez tergiversé, je vais aller voir l’océan, respirer l’air du large.

mardi 21 avril 2009

newsletter

I know I should update this blog more often, but I don't. There are too many things I wish I could do at a time, but I can't. Not now. A blog, a book, a life. I'm not abandoning you :o) If you're curious to know what's happening with me, click here, I'll devote some time to a monthly newsletter.

Je sais, je devrais mettre à jour ce blog plus souvent, mais je ne le fais pas. Il y a trop de choses que je souhaite mener de front. Je n'y parviens. Pas aujourd'hui. Un blog, un livre, une vie. Je ne vous abandonne pas :o) Vous êtes curieux de savoir ce qu'il m'arrive, cliquez ici, je consacrerai un peu de temps à une newsletter mensuelle.

lundi 13 avril 2009

un verre de vin et au lit

Si vous avez déjà lu des bouts de ce blog, vous savez que je m’appelle Thomas. Vous savez aussi que je ne m’appelle pas vraiment Thomas. Je l’admets, j’aime l’anonymat. Les quelques Français qui séjournent ici dans cette maison d’hôtes connaissent mon veritable prénom – je ne pense pas toujours à dire à mes interlocuteurs que je suis quelqu’un d’autre. Ils avaient envie de bavarder un peu. Ils n’avaient pas remarqué, tandis que je me préparais de quoi dîner, que je souhaitais être tranquille. Mais bon, peu importe. Comme je suis bien élevé, j’ai dit bonjour, je leur ai demandé comment s’était passée leur journée. Ils m’ont interrogé sur la mienne. Et tandis que je dégustais mes pâtes, debout adossé au plan de travail, l’un d’eux avait quasiment le nez dans mon assiette. Je lui demande : – Tu veux goûter ? Il a secoué la tête et a suggéré qu’on ouvre une bouteille de vin. J’ai renchéri : - Monsieur a du savoir-vivre.
Celui avec qui je partage la salle de bains jette un œil sur le cahier dans lequel les hôtes consignent leurs consommations : - Thomas… qui est ce Thomas ? On l’a loupé, celui-là.
Thomas, c’est moi mais j’ai préféré me taire.

samedi 4 avril 2009

une bière et une baleine

Coffee on the Rocks, Gansbaai ; tel : 028 3842017, fully licences bistro, open today 10:00 – 17:00 / photo © Thomas Mars

La vue est à couper le souffle. Je déjeune et j’admire une baie où baleines* et dauphins viennent nager toute l’année. Je n’en ai pas vus aujourd’hui mais la vue me suffit. C’est l’automne (n’oubliez pas que dans l’hémisphère sud, les saisons sont inversées) et il fait 33° à l’ombre. La voiture est garée en bas, à quelques mètres. Une voiture que je ne devrais pas conduire. Oui, d’une certaine façon, je suis un criminel. Parce que, si vous vous rappelez ce que j’ai écrit il y a un moment, j’ai "perdu" mon permis de conduire. D’abord parce que je conduis sans permis et ensuite parce que j’ai bu deux bières – boire ou conduire…
Chaque fois que je prends la voiture, je dois me répéter : conduis à gauche, à gauche ! … Oh, les voilà : des phoques !!! Les enfants descendent l’escalier du coffee shop pour atteindre les rochers et voir les phoques. Pauvre idiot que je suis, je reste là à siroter ma bière.

Merci Vanessa pour la compagnie, pour la tarte féta épinards et pour le bel oiseau qui nous a rendu visite pendant que nous parlions. A bientôt.

*La Baleine Franche Australe retrouve tous les ans les rivages de Walker Bay – de juillet à décembre – pour s’accoupler, donner naissance et jouer jusqu’à son départ vers les eaux froides au large de l’Antartique pour le restant de l’année. Certaines baleines – ne me demandez pas pourquoi, je ne suis pas spécialiste – ont élu domicile dans la région de façon permanente ; soit pour tenir compagnie aux dauphins ou pour s’acquitter de leur devoir touristique.

vendredi 3 avril 2009

moi et Tom Hanks

Hier soir sur le port de Gansbaai

Qu’est-ce que j’ai dans ma valise ? Un bermuda, un slip de bain, quatre slips, trois t-shirts blancs, un t-shirt bleu, un polo, deux pulls légers, une casquette, des tongues, ma paire de Camper que j’avais envisagé de jeter à Paris, des chaussettes, un nécessaire de toilette, des livres, un appareil photo, un ordinateur portable, mon passeport et un ouvre-boîtes.

Dans mes pensées les plus sombres et ridicules, j’avais pensé à ce film où Tom Hanks interprétait le rescapé d’un crash et se retrouvait seul sur une île déserte ; je me souviens de ces scènes où il se blessait parce qu’il ne parvenait pas à ouvrir les boîtes de conserve miraculeusement échouées à ses pieds. Voici à quoi je pensais lorsque j’ai subtilisé l’ustensile dans un des ces hôtels miteux pendant ma semaine parisienne, ne sachant pas à quelle sauce je serais mangé, ne sachant pas où me mèneraient mes divagations, ignorant même si, dans un accès d’inconscience – ou de lucidité – je n’aurais pas sauté d’un pont pour en finir. Dans une réponse à ma lettre, C écrivait quelque chose comme « tu aurais pu choisir de partir de façon plus digne ». Je lui ai répondu qu’il s’agissait d’un suicidé raté. En ce sens que j’avais sérieusement songé à mettre fin à mes jours mais que je n’en avais pas eu le courage.

Dans mes bagages, j’ai même un couteau de cuisine de 20cm – Tiaan l’a vu et il en était bouche bée. Je vous avais dit de ne pas dire que c’était dangereux de me promener nu. Heureusement que la femme de ménage de Jonathan n’a pas mis son nez dans affaires. Elle aurait été terrifiée.

lundi 30 mars 2009

deux mecs dans une cage

Sébastien, grâce à qui j'ai rencontré les requins (mais non, ça n'est pas moi, banane! [pour répondre au mail d'un lecteur, je ne posterai aucune photo de ma pomme... pour le moment]


Pour la version anglaise, cliquez ici

Oui ! J’ai vu les Grands Requins blancs. Et je peux vous assurer que c’est une expérience incroyable ! Si l’on m’avait dit, voici une semaine, que je serais en pleine mer, en train de plonger dans une cage, j’aurais regardé cette personne droit dans les yeux et dit « ça ne va pas, la tête ? »
Samedi dernier, j’ai été chaleureusement accueilli au restaurant De la Mer par Sarah et Jonathan. Je suis heureux de les avoir rencontrés, eux et d’autres gens tout aussi adorables. Il y avait ce Français qui était à peine arrivé du Cap. Il ne parlait pas un mot d’Anglais ; il dînait tout seul dans son coin. Sarah était triste pour lui. Elle s’est efforcée de le mettre aussi à l’aise que possible. Jonathan et Sarah m’ont demandé de lui parler et de l’inviter à notre table pour lui offrir un verre.
C’est comme ça que Sébastien et moi nous sommes rencontrés.
Il venait à Gansbaai pour voir les Grands Requins blancs. Pour prendre des photos et des vidéos. Lorsqu’il m’a demandé : est-ce que tu veux venir ? J’ai hésité… mais pas longtemps.
A environ 6 heures du matin, j’étais sur le perron de la compagnie proposant la sortie en mer. J’avais l’impression d’attendre que le Père Noël descende de la cheminée. Mais au lieu de Légos, on m’offrait l’opportunité de rencontrer des requins. Merci Jonathan pour le cadeau “dentesque”.
Une fois passé la combinaison et le masque qu’on vous remet, il est temps d’embarquer et de dire ses dernières prières. Le soleil levant dardant ses généreux rayons sur un océan étal est une vision aussi inoubliable que celle des Grands Blancs. Nous étions une douzaine de personnes venues vivre une fois dans leur existence le frisson que procure un face-à-face avec la vie sauvage.
Pour Sébastien, ça n’était pas une fois mais neuf fois. Chaque fois, m’a-t-il dit, c’était un pur bonheur. A bord, on n’a pas besoin d’autre chose que d’un maillot de bain et d’ouvrir grand les yeux. Nulle obligation d’aller dans la cage ; on voit très bien les requins depuis le pont. Mais il vaut mieux ne pas rentrer avec des regrets. Autant plonger.
Après avoir passé combinaison et masque, je suis entré dans l’eau, me suis agrippé aux barres rouges. Il suffit d’observer attentivement le machin jaune au bout de la corde et d’attendre. Ca ressemble à la pêche. Il faut être patient.
Alors… de quoi peuvent bien parler deux Français enfermés dans une cage, tandis qu’ils attendent que les Grands Blancs viennent leur montrer leur grande gueule ? Quand j’ai aidé cette femme qui gelait et avait de l’eau dans son masque, Sébastien a eu un petit rire qui signifiait “N’en profite pas”. J’ai répondu : que veux-tu que je fasse avec une femme ? Les cris d’une mouette ont empli le silence. Oh, a-t-il répliqué, c’est pour ça que tu es parti ? Non, non, j’ai dit. Tout le monde est au courant. C’est juste que j’avais l’impression de ne pas vivre ma vie. Soudain l’homme a crié : Plongez, vite, en v’là un gros.
Il mesurait environ 3 mètres. Impossible de le louper tant il a nagé près de nous. J’étais hypnotisé. Vous ne l’aviez vu qu’à la télé et là, vous êtes dans les mêmes eaux, tout près de cet effroyable prédateur. Il est venu droit sur nous, nous montrant sa belle dentition, il a pris l’appât puis il a disparu.
Oui, je crois que je vais recommencer, avant de retourner au Cap.




(le requin s’est coincé dans la corde mais il a réussi à se libérer; son déjeuner, il ne l'a pas volé)
Un grand merci à Sébastien pour la vidéo

chers maman, papa, chère soeur

une fleur à Gansbaai

Voici la lettre que j'ai écrite quelques jours après être parti :

Chers Maman, Papa & S,

Ma disparition s'est faite sur un coup de tête. J'ai tout laissé derrière moi, avec ce que cela comporte comme difficultés (pour moi et pour les autres). Je dirais pour être honnête que ça couvait depuis pas mal de temps sans que j'ose me l'avouer. Partir et tout laisser derrière soi est la chose la plus dure que j'ai jamais faite. Penser à la souffrance que j'infligeais à ma famille et mes amis ne m'a hélas pas empêché de disparaître. Pour A, j'ai conscience qu'il s'agit d'une trahison amicale dont elle peinera à se relever et j'ignore si je me le pardonnerai un jour. Faire preuve de lâcheté n'est pas « moi » … et pourtant, c'est une partie de moi que j'ai découverte. Il ne se passe pas un jour sans que je pense à Papa, Maman, S, mes nièces, A, B et mes amis. Mais je ne peux pas me permettre de culpabiliser au risque de m'écrouler. J'ai envie de vivre, ça, vous pouvez en être assurés. J'ai un besoin viscéral de changer d'air. Prendre le temps de réfléchir posément et de rebondir. Ne vous inquiétez pas, je vais aussi bien qu'il est possible d'aller dans ce genre de circonstances. Du plus profond de mon coeur, je vous demande pardon, à Papa, Maman, S, à A et à B.

Thomas

moi et la police

C’est la chose la plus insensée que j’ai faite de toute ma vie. C’était comme de se kidnapper soi-même. C’est en tout cas l’impression que j’ai eue lorsque j’ai appelé la police. Trois jours avaient passé depuis ma disparition et la police me cherchait. Ma meilleure amie avait lancé un avis de recherche. Comment est-ce que je l’ai su ? J’ai appelé B parce que j’avais besoin d’aide. B et son petit ami C sont les seules personnes à savoir que je suis en Afrique du Sud. D’une certaine façon, ils sont mes passeurs. Ils m’ont nourri, blanchi et logé pendant une semaine. Ils m’ont été d’un grand secours. B m’a conseillé d’avertir la police et leur signaler que j’allais bien. J’ai eu une longue discussion avec Karine – une voix douce. Une étrange mais réconfortante conversation. Elle m’a remercié d’avoir appelé. Je lui ai dit que j’étais incapable de parler à quiconque de mes proches – au risque de m’effondrer. Que j’avais besoin de partir. De tenter une nouvelle vie. Vous avez bien fait d’appeler, m’a-t-elle confié, parce que vous n’auriez pas pu aller très loin. Vos amis, votre famille étaient inquiets. Nous nous aurions interrogé. Vous auriez loupé votre avion. Oh, vous… alors vous savez que je prends l’avion. Oui. Nous vous avons vu. Mais ne vous inquiétez pas, nous ne vous empêcherons pas de voyager. Bonne chance, m’a-t-elle dit. Puis elle a raccroché.

pendant ce temps-là

cliquez sur l'image pour l'agrandir
(le site officiel de la ville du Cap ... oh, j'ignorais qu'ils accueillaient la prochaine coupe du monde de football... ça explique toutes ces grues que j'ai vues ... et le nouveau stade aussi (suis bête quand je m'y mets)

Je vais à la plage (je ne vous taquine pas, non! C'est ma première fois à la plage depuis mon arrivée! je l'ai bien méritée, non?) Si vous voulez qu'on se croise, rendez-vous à Clifton Beach, Clifton 3, le mec avec un slip de bain bleu marine, chauve et une barbe d'une semaine, c'est moi.