lundi 30 mars 2009

deux mecs dans une cage

Sébastien, grâce à qui j'ai rencontré les requins (mais non, ça n'est pas moi, banane! [pour répondre au mail d'un lecteur, je ne posterai aucune photo de ma pomme... pour le moment]


Pour la version anglaise, cliquez ici

Oui ! J’ai vu les Grands Requins blancs. Et je peux vous assurer que c’est une expérience incroyable ! Si l’on m’avait dit, voici une semaine, que je serais en pleine mer, en train de plonger dans une cage, j’aurais regardé cette personne droit dans les yeux et dit « ça ne va pas, la tête ? »
Samedi dernier, j’ai été chaleureusement accueilli au restaurant De la Mer par Sarah et Jonathan. Je suis heureux de les avoir rencontrés, eux et d’autres gens tout aussi adorables. Il y avait ce Français qui était à peine arrivé du Cap. Il ne parlait pas un mot d’Anglais ; il dînait tout seul dans son coin. Sarah était triste pour lui. Elle s’est efforcée de le mettre aussi à l’aise que possible. Jonathan et Sarah m’ont demandé de lui parler et de l’inviter à notre table pour lui offrir un verre.
C’est comme ça que Sébastien et moi nous sommes rencontrés.
Il venait à Gansbaai pour voir les Grands Requins blancs. Pour prendre des photos et des vidéos. Lorsqu’il m’a demandé : est-ce que tu veux venir ? J’ai hésité… mais pas longtemps.
A environ 6 heures du matin, j’étais sur le perron de la compagnie proposant la sortie en mer. J’avais l’impression d’attendre que le Père Noël descende de la cheminée. Mais au lieu de Légos, on m’offrait l’opportunité de rencontrer des requins. Merci Jonathan pour le cadeau “dentesque”.
Une fois passé la combinaison et le masque qu’on vous remet, il est temps d’embarquer et de dire ses dernières prières. Le soleil levant dardant ses généreux rayons sur un océan étal est une vision aussi inoubliable que celle des Grands Blancs. Nous étions une douzaine de personnes venues vivre une fois dans leur existence le frisson que procure un face-à-face avec la vie sauvage.
Pour Sébastien, ça n’était pas une fois mais neuf fois. Chaque fois, m’a-t-il dit, c’était un pur bonheur. A bord, on n’a pas besoin d’autre chose que d’un maillot de bain et d’ouvrir grand les yeux. Nulle obligation d’aller dans la cage ; on voit très bien les requins depuis le pont. Mais il vaut mieux ne pas rentrer avec des regrets. Autant plonger.
Après avoir passé combinaison et masque, je suis entré dans l’eau, me suis agrippé aux barres rouges. Il suffit d’observer attentivement le machin jaune au bout de la corde et d’attendre. Ca ressemble à la pêche. Il faut être patient.
Alors… de quoi peuvent bien parler deux Français enfermés dans une cage, tandis qu’ils attendent que les Grands Blancs viennent leur montrer leur grande gueule ? Quand j’ai aidé cette femme qui gelait et avait de l’eau dans son masque, Sébastien a eu un petit rire qui signifiait “N’en profite pas”. J’ai répondu : que veux-tu que je fasse avec une femme ? Les cris d’une mouette ont empli le silence. Oh, a-t-il répliqué, c’est pour ça que tu es parti ? Non, non, j’ai dit. Tout le monde est au courant. C’est juste que j’avais l’impression de ne pas vivre ma vie. Soudain l’homme a crié : Plongez, vite, en v’là un gros.
Il mesurait environ 3 mètres. Impossible de le louper tant il a nagé près de nous. J’étais hypnotisé. Vous ne l’aviez vu qu’à la télé et là, vous êtes dans les mêmes eaux, tout près de cet effroyable prédateur. Il est venu droit sur nous, nous montrant sa belle dentition, il a pris l’appât puis il a disparu.
Oui, je crois que je vais recommencer, avant de retourner au Cap.




(le requin s’est coincé dans la corde mais il a réussi à se libérer; son déjeuner, il ne l'a pas volé)
Un grand merci à Sébastien pour la vidéo

chers maman, papa, chère soeur

une fleur à Gansbaai

Voici la lettre que j'ai écrite quelques jours après être parti :

Chers Maman, Papa & S,

Ma disparition s'est faite sur un coup de tête. J'ai tout laissé derrière moi, avec ce que cela comporte comme difficultés (pour moi et pour les autres). Je dirais pour être honnête que ça couvait depuis pas mal de temps sans que j'ose me l'avouer. Partir et tout laisser derrière soi est la chose la plus dure que j'ai jamais faite. Penser à la souffrance que j'infligeais à ma famille et mes amis ne m'a hélas pas empêché de disparaître. Pour A, j'ai conscience qu'il s'agit d'une trahison amicale dont elle peinera à se relever et j'ignore si je me le pardonnerai un jour. Faire preuve de lâcheté n'est pas « moi » … et pourtant, c'est une partie de moi que j'ai découverte. Il ne se passe pas un jour sans que je pense à Papa, Maman, S, mes nièces, A, B et mes amis. Mais je ne peux pas me permettre de culpabiliser au risque de m'écrouler. J'ai envie de vivre, ça, vous pouvez en être assurés. J'ai un besoin viscéral de changer d'air. Prendre le temps de réfléchir posément et de rebondir. Ne vous inquiétez pas, je vais aussi bien qu'il est possible d'aller dans ce genre de circonstances. Du plus profond de mon coeur, je vous demande pardon, à Papa, Maman, S, à A et à B.

Thomas

moi et la police

C’est la chose la plus insensée que j’ai faite de toute ma vie. C’était comme de se kidnapper soi-même. C’est en tout cas l’impression que j’ai eue lorsque j’ai appelé la police. Trois jours avaient passé depuis ma disparition et la police me cherchait. Ma meilleure amie avait lancé un avis de recherche. Comment est-ce que je l’ai su ? J’ai appelé B parce que j’avais besoin d’aide. B et son petit ami C sont les seules personnes à savoir que je suis en Afrique du Sud. D’une certaine façon, ils sont mes passeurs. Ils m’ont nourri, blanchi et logé pendant une semaine. Ils m’ont été d’un grand secours. B m’a conseillé d’avertir la police et leur signaler que j’allais bien. J’ai eu une longue discussion avec Karine – une voix douce. Une étrange mais réconfortante conversation. Elle m’a remercié d’avoir appelé. Je lui ai dit que j’étais incapable de parler à quiconque de mes proches – au risque de m’effondrer. Que j’avais besoin de partir. De tenter une nouvelle vie. Vous avez bien fait d’appeler, m’a-t-elle confié, parce que vous n’auriez pas pu aller très loin. Vos amis, votre famille étaient inquiets. Nous nous aurions interrogé. Vous auriez loupé votre avion. Oh, vous… alors vous savez que je prends l’avion. Oui. Nous vous avons vu. Mais ne vous inquiétez pas, nous ne vous empêcherons pas de voyager. Bonne chance, m’a-t-elle dit. Puis elle a raccroché.

pendant ce temps-là

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(le site officiel de la ville du Cap ... oh, j'ignorais qu'ils accueillaient la prochaine coupe du monde de football... ça explique toutes ces grues que j'ai vues ... et le nouveau stade aussi (suis bête quand je m'y mets)

Je vais à la plage (je ne vous taquine pas, non! C'est ma première fois à la plage depuis mon arrivée! je l'ai bien méritée, non?) Si vous voulez qu'on se croise, rendez-vous à Clifton Beach, Clifton 3, le mec avec un slip de bain bleu marine, chauve et une barbe d'une semaine, c'est moi.